Le village autrefois
Il était une fois Grandmenil... petit village calme et serein, entouré par le "Bois du Pays" .
Menil, Mesnil, Moinil, Mainil ... vient du bas latin "mausus " ou "mausa" : métairie. Grandmenil ou "grande ferme".
Il y avait des fermes; chaque maison était ferme. Chaque famille avait quelques vaches et quelques terres. Au centre du village, juste en face d'Altitude 445, une maison plus récente (aujourd'hui également lieu d'accueil): la maison du Docteur.
Il y avait le moulin sur l'Amante en bas du village.
Sa roue tourne et produit l'électricité pour le village. 22 heures: extinction des feux!
Ils étaient nombreux les moulins sur le territoire communal. Celui de Lafosse sera meunerie jusqu'en 1950 ( et aujourd'hui redevient producteur de farine, celui de Crahay est scierie et la roue de celui d'Odeigne sur l'Aisne tourne depuis plus de 500 ans. Celui de Grandmenil a complètement disparu.
Il y avait un hôtel, juste à côté d'Altitude 445.
Depuis sa disparition, en 14, ce beau terrain est vierge de toute construction.
Il y avait l'église.
Grandmenil, petit village calme et serein. Et pourtant ...
L'église (Saint Maurice et Compagnons) de style gothique date du 13è siècle.
Témoin de tous les méfaits commis au village, elle raconte!
"En 1636, je fus incendiée par les Hollandais.
Il faudra attendre plus de 250 ans pour me voir restaurée (1889)".
"1914: dès le 4 août, le village est occupé par les patrouilles allemandes qui prennent des hommes en otages. Pour les libérer, une rançon de 4000 francs est exigée.
Le 14 août, les allemands assassinent un paysan qui revenait de chez le notaire d'Erezée par le Bois du Pays.
Ils traînent le corps jusqu'au village et dans ma nef où des hommes s'étaient réfugiés, parmi eux le bourgmestre obligé d'identifier le corps: Alphonse Piron. Sa ferme (Altitude 445) est incendiée ainsi que les 2 maisons voisines (l'hôtel et une autre ferme).
Les hommes craignent que tout le village ne parte en fumée, moi y compris . L'officier allemand, profitant de ce désarroi, exige une nouvelle rançon de 5000 francs . Pour éviter que les allemands boutent le feu à tout le village, les habitants payent encore."
"Septembre 44: le village est a nouveau incendié par les allemands en déroute."
"Finalement, la Bataille des Ardennes nommée " Campagne von Rundstedt (aujourd'hui relatée dans le musée MHM44) sema ruines et désolation à la Noël 44 ."
De ce désastre, reste au village ce tank abandonné le 26 décembre 44, sans doute par défaut de carburant!
Au milieu des années 80, le village compte encore 15 fermes en activité; lorsque nous arrivons au village en 2001, il en reste 5. Aujourd'hui, vous n'en verrez plus que 2!
Les fermes disparues, les pâtures deviennent terrains à bâtir et ici comme partout, les maisons poussent comme des champignons; pas toujours belles dans l'environnement.
Quel dommage!
120 ans séparent ces 2 photos.